Eugène Blove

Dans 1984, Orwell avait anticipé la figure métaphorique de Big Brother – celle d’un régime totalitaire et d’une société de la surveillance – mais n’avait pas imaginé qu’avec le selfie et les réseaux sociaux, nous entrerions dans une nouvelle ère conditionnée ; celle d’une société de l’auto-surveillance.

Rattaché au plus connu de ces organismes intrusifs, une coalition, regroupant plusieurs laboratoires de recherche en intelligence artificielle, mettait récemment au point un logiciel de reconnaissance faciale. L’homme pose ses limites au fur et à mesure qu’il les dépasse.

Aussi, sans doute conscient que cette donnée constituerait un pas de plus vers un monde où les forces de contrôle règnent, l’objet d’une commercialisation du programme est toujours démenti.
Posez-vous la question : sur combien de photos figurez-vous à votre insu, sans le savoir, sans vous en douter ? Etes-vous aussi dans le viseur global ? Avec le selfie, certains vont jusqu’à parler d’art, mais où s’arrête la condition artistique ? Au fond, faut-il être narcissique pour être artiste ?
C’est toutes ces questions que pose l’artiste Eugène Blove au travers d’anti-selfies ; des selfies dont il n’est ni le manipulateur ni l’acteur. Photos d’inconnus, photos aléatoires et aléas modernes. Partout ce même homme en arrière plan. Où est la supercherie ?
Nulle part, partout, puisque la collecte fût rendue possible grâce à la collaboration involontaire – ironie de l’oeuvre – de ce fameux réseau social ; ses algorithmes minutieusement piratés par des hackeurs chevronnés auxquels l’artiste a fait appel.
Selfless, plus qu’une référence au livre Selfish de Kim Kardashian, est un projet insurrectionnel et anticipatif qui révèle le propre piège que nous nous tendons.

Selfless est un trou dans le vide.


In his novel Nineteen Eighty-Four, George Orwell had anticipated the metaphorical character of Big Brother, symbol of both authoritarianism and the omnipresent surveillance of a society. However, what he could not foresee was that fiction would eventually exceed reality as social networks and selfies have led us to a conditioned era run by a society of auto-surveillance.
Lately, several A.I. research laboratories tied in with the most famous of these intrusive organisations formed a coalition and developed facial recognition software. Mankind cannot stop to pushing its - ethical or not – own boundaries, time and again.
Likely aware of the fact that such software is also a step forward into a world where the forces of control prevail, an hypothetical marketing of it is still controversial.
Ask yourself : how many photographs do you appear in, without even being aware of it ? Some goes as far as to claim that selfie is art : where does the artistic condition stop ? Does being an artist essentially require narcissism? Artist Eugène Blove raises all these questions through the use of anti-selfies : selfies of which he is neither the author nor the subject. Photographs of anonymous people, random photographs, modern contingency. The same man, in the background, in every single photograph. Where is the deception ? Nowhere and everywhere at the same time since the unintentional collaboration of this peculiar social network made this collection possible — Blove called upon some accomplished people to hack into its system.
More than just a reference to Kim Kardashian’s Selfish, Selfless is an anticipating insurrectionary project which reveals the trap we are laying for ourselves.

Selfless is a hole in the void.


Format : 13 x 17 cm
102 pages
Papier Print speed Offset 120gr
250 exemplaires
20 € + Shipping 5€ 



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Report photos during the launch event in Paris where I asked people to take selfies with me in the background - 13/12/2019, Ground Effect.

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